Article rédigé par Samuel SAUVAGET, référent régional Pays de la Loire pour la filière aviaire
A compter du 1er octobre, la vaccination obligatoire IAHP sera mise en route pour tous les palmipèdes commerciaux (Pékin, Barbarie et Mulard). (La question de la vaccination des reproducteurs et parentaux reste encore ouverte et sujette à réflexion en fonction notamment de la situation géographique des troupeaux). Cette vaccination se fera avec le vaccin de Boehringer-Ingelheim, le Volvac Best AI + ND. Le vaccin CEVA Respons AI H5 a pour l’instant été écarté, entre autre pour ses conditions de stockage plus contraignantes (vaccin congelé à -80°C). Ce choix n’est probablement pas irréversible et il est envisageable que le laboratoire français soit de nouveau sollicité à l’avenir.
Les détails de la campagne de vaccination
Le protocole de vaccination
Le protocole est de 2 injections à 18 jours d’intervalle. Dans l’immédiat, seule l’espèce Pékin dispose d’une autorisation de vaccination à J0 au couvoir, ce qui n’est pas le cas pour le Barbarie et le Mulard pour lesquels la vaccination est autorisée à partir de 10 jours (la potentielle interaction avec des Anticorps d’Origine Maternelle justifie à ce jour ce délai, néanmoins des essais sont menés pour évaluer la réponse vaccinale avec une injection dès J0). Cela signifie que pour l’instant la majorité des éleveurs doit s’attendre à deux injections en élevage à J10 et J28. On peut cependant raisonnablement penser qu’une autorisation de vaccination au couvoir intervienne dans les prochains mois, ce qui limitera les manipulations en élevage.
Concernant le Barbarie, il faut rappeler que la prophylaxie habituelle intègre la vaccination parvovirus généralement à J0 et vers J15. Il faut encore trouver le bon compromis permettant de vacciner contre les deux maladies en limitant le nombre de manipulations. Plusieurs protocoles sont à l’étude.
Les acteurs de la vaccination
Cette vaccination devra être appliquée par des équipes professionnelles formées par les vétérinaires. Ces formations doivent avoir lieu courant septembre. A ce jour, les éleveurs ne sont pas autorisés à vacciner eux-mêmes leurs animaux, évolution qui viendra peut-être à l’avenir toujours sous-couvert d’un encadrement vétérinaire. Des audits de vaccination pourront être réalisés par les vétérinaires mais à ce jour, aucune directive n’a été arrêtée sur ce sujet.
La traçabilité de la vaccination
La traçabilité de la vaccination est bien sûr au cœur des discussions afin de garantir l’application du protocole vaccinal pour tous les lots concernés et de gérer les doses en surplus qui devront être restituées et éliminées. Il faut ainsi faire remonter toutes les données concernant l’origine, la destination et le devenir des lots. Le système Calypso est en test afin de l’adapter aux contraintes de cette traçabilité.
La surveillance de la vaccination
Enfin la surveillance de la vaccination sera :
- passive par prélèvements hebdomadaires sur écouvillons réalisés par l’éleveur sur d’éventuels sujets morts, analyses pouvant être réalisées en laboratoire reconnu ;
- active par prélèvements tous les 30 jours par le vétérinaire sanitaire avec 60 écouvillons trachéaux qui seront traités uniquement en laboratoires agréés (+ 20 sérologies à la faveur de la dernière visite du lot).
Les laboratoires reconnus mettent en avant leur maillage territorial, leurs capacités de volume d’analyse et leurs tarifs compétitifs pour pouvoir accéder à cette surveillance active à l’avenir.
Le coût de l’ensemble du processus vaccinal (vaccin + application + surveillance) sera pris en charge à hauteur de 85 % par l’État, ce qui constitue un soulagement important pour la filière qui craignait un reste à charge beaucoup plus important.
Tous ces éléments génèrent une préparation importante dans les cabinets vétérinaires concernés : logistique, formation, organisation des tournées de visite, traçabilité qui sont autant de défis à relever dans les prochains mois. Et il faut rappeler que même si la situation sanitaire est stable dans les élevages cet été, la pression persiste dans la faune sauvage et peut laisser craindre une reprise des foyers à l’automne qu’il faudra alors gérer dans un contexte vaccinal. Les prochains mois seront de toute façon déterminants pour l’avenir de la filière canard en France.